La valse des fleurs Dominique Bagouet

Publié le par Sidérale

La Valse des Fleurs
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Lundi 25 juillet à Montpellier à 18h, du parvis de l'Opéra Comédie au Corum
 Durant tout le festival dont la programmation cette année rend  hommage à Dominique Bagouet, la valse des fleurs tournoiera de village en village.
PROGRAMMATION Montpellier danse.07
En 1983, Dominique Bagouet et ses danseurs s’engagent dans une étrange expérience, un défilé-danse pour le Festival International Montpellier Danse. Lâchés du Théâtre Municipal comme d’une grande boîte de bonbons, une suite de figures romantiques s’avancent à la suite les unes des autres, encombrées de crinolines hypertrophiées aux tons pastels.
Filles et garçons partagent les mêmes costumes, les mêmes perruques-bandeaux, les mêmes maquillages blancs. Si l’apparat est kitchissime, l’interprétation est d’une parfaite limpidité. Aucune outrance, pas la moindre parodie. Ils jonchent leur chemin de pétales de roses, traversant dans l’extrême lenteur les espaces publics de l’esplanade jusqu’au Monument aux morts, totalement exposés par la forme détaillée, processionnelle du défilé, en même temps que protégés par l’authenticité de leur présence – une sorte de transparence. Un événement met en perspective cette solennité romantique : Catherine Legrand, s’extirpe de sa robe de poupée pour un solo contemporain : cette “mue rouge“ dit mieux que tout exposé historique la révolution des formes, la distance d’une écriture libre face aux conventions des postures.
Reste que tout est “aimé“ avec plaisir et légèreté dans cet “event“ : l’histoire et le présent des formes, le libre et le contraint, l’attitude et le mouvement. Soi et l’autre en soi. Ne comptons pas sur Dominique Bagouet pour jouer l’un contre l’autre. Cette installation en mouvement n’a, à ma connaissance, pas d’égal : l’immédiate crédibilité des interprètes, leur simplicité, leur engagement dans ce qui n’était ni un rituel, ni une démonstration, mais peut-être un transfert d’identité dans le temps, demeure un acte fort. Et souvenons-nous qu’en 1983, le chorégraphe ne savait rien du sida mais bien quelque chose de ses identités secrètes (la geisha de Toboggan, la veuve baroque de F. et Stein). On peut être tenté de lire, a posteriori, un rituel de protection dans l’indistinction des hommes et des femmes derrière le masque. Mais cet acte dansé est avant tout une performance étonnante, troublante, infiniment touchante qui inscrit dans la ville et dans la norme sociale une différence poétique, une beauté nécessaire.
Et un enjeu. Car Sylvie Giron transmet cette chose rare aux plus âgés des élèves du Conservatoire national de région de Montpellier. Quatre ou six d’entre eux danseront à tour de rôle, avec leurs singularités, le solo contemporain. Une des deux actions montpelliéraines sera remontée à l’identique, dans les mêmes lieux et sept autres s’adapteront aux villes de l’Agglomération. Durant tout le festival, donc, de jeunes danseurs chercheront l’état naturel d’une transgression : comment être, le plus simplement du monde, ailleurs, et dans l’altérité ? Peut-on incarner sans jouer ? Et qu’est-ce que la représentation ?

Publié dans Agenda culturel

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