Raisons d'agir... pour la Culture

Publié le par Sidérale

« Raisons d’agir »
(merci à Pierre Bourdieu)
source :Cassandre  http://horschamp.org/





Paris, le 1er juin 2007



Un groupe de réflexion et de vigilance pour l’art et la culture se constitue aujourd’hui afin que les valeurs qui fondent notre service public de la culture puissent être défendues et ce dernier réaffirmé dans son principe, renforcé et actualisé dans sa pratique.
Ce groupe se rassemble autour d’un texte de base proposé par Cassandre/Horschamp.



POUR L’ART ET LA CULTURE


Nous sommes les héritiers de luttes et d’utopies magnifiques, du grand mouvement de l’Éducation populaire, les enfants ou les petits-enfants des pionniers de la décentralisation théâtrale française de l’immédiat après-guerre. Et nous l’affirmons encore comme nous l’avons longtemps répété : face à une Europe soumise aux impératifs délétères de la rentabilité, face à une offensive sans précédent de l’ultralibéralisme, le service public de la culture français doit être actualisé, consolidé, défendu, et porté comme un exemple pour les autres !
Nous avons fait face, ces dernières années, à une déferlante du divertissement marchand et du populisme télévisuel, parallèlement à un affaiblissement des missions de service public de la Culture. Nous avons dénoncé le risque d’une instrumentalisation de l’art au profit d’une logique de rentabilité, en termes médiatiques et touristiques, au détriment d’un « partage du sensible » par l’ensemble de la population. Nous nous sommes insurgés contre une dérive gestionnaire tendant au formatage des projets et des initiatives inclassables. Nous nous sommes inquiétés du rôle croissant que l’on veut faire tenir à l’argent privé dans la culture.
Ces dérives, qui n’épargnent pas des institutions publiques, mettent en danger le sens même d’une politique culturelle.
Dès novembre 2006, nous avons lancé un APPEL AUX CANDIDATS À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE FRANÇAISE pour qu’ils considèrent avec sérieux la place de l’art et de la culture dans leurs programmes. Peut-être cela n’a-t-il pas été tout à fait inutile, mais l’état actuel des consciences est tel que nous n’avons pas réussi à provoquer l’écho et les réactions que nous estimions indispensables sur cette question vitale pour l’avenir de notre civilisation.
Si les « politiques » français ne veulent ou ne savent pas s’emparer sérieusement de cette question fondamentale pour s’opposer au formatage annoncé des « cerveaux disponibles », la responsabilité nous incombe de résister à la fatalité historique en les rappelant à leur devoir.
Nous n’avons pas le droit de renoncer, de nous contenter de protéger des intérêts égoïstes, corporatistes ou lobbyistes. Dans un contexte européen teinté de néolibéralisme, des dispositifs extrêmement précieux, construits dans notre pays aux prix de nombreux combats depuis l’immédiat après-guerre, sont aujourd’hui en péril.
Les bonnes intentions ne suffiront pas : il nous faut impérativement faire aujourd’hui exister un outil de défense et de proposition pour le service public de la culture français.
Nous proposons aux artistes de toutes disciplines, aux acteurs culturels, aux citoyens, de s’allier pour défendre ces fondamentaux de notre civilisation que sont l’art et la culture et rappeler qu’ils ne peuvent exister et se développer hors des impératifs de rentabilité, que s’ils sont portés par un puissant service public de la culture.

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