Redevenir durs

Publié le par Sidérale

Redevenir durs
Publié le 15 juin 2007
par dandi

Redevenir durs

Par Comité de salut public :http://comite-de-salut-public.blogspot.com

"Bon, on va arrêter de se raconter des jolies histoires, ok ? A moins d’un miracle, dès demain soir on est partis pour 5 ans de Sarkozy. 5 Ans minimum. 5 ans de tapis de bombes antisociales, qui vont tenter de remettre à plat tout ce pourquoi on a lutté depuis des dizaines d’années, nous, nos anciens et ceux d’avant.

5 ans d’une société dure, âpre, injuste, inégalitaire et raciste. Et fière de l’être.

5 ans de droite « décomplexée », charmant euphémisme pour désigner la meute de Huns furieux qui ne raisonnent qu’en terme de rentabilité, de valeur-travail et de darwinisme social.

Déjà, on peut commencer à entendre les hurlements de victoire : ils sont à faible volume pour le moment, il explosera demain. Ce cri de victoire durera des années...

Car ils comprennent qu’au-delà de l’élection, c’est clairement la bataille idéologique qu’ils ont gagné. Oh, ils ont été bien aidés : les médias et les puissance d’argent ont choisi leur camp depuis toujours. Depuis 20 ans, et avec une accélération ces dernières années, c’est un tsunami idéologique que nous prenons tous les jours en pleine tronche. Et qui a déporté tout le pays vers une droite de plus en plus dure, féroce, qui ne laisse rien passer.

Et cette bataille est d’autant plus remportée que la sociale-democratie l’a suivie sur ce terrain. Cette « gauche » pitoyable qui vénère l’économie de marché et le drapeau tricolore...Cette « gauche » de toutes les capitulations, de tous les compromis...

Cette « gauche » qui, quel que soit le résultat demain, d’ailleurs, confirmera son virage droitier par « l’ouverture » au centre, tant il est vrai que les différences idéologiques entre le PS et l’UDF sont devenues microscopiques. Et ce virage est préparé depuis longtemps par un appareil qui ne se soucie même plus, et depuis longtemps, d’apparaître « socialiste » : se dire« social-démocrate » est tellement plus « moderne »...Crise idéologique, risque d’éclatement du PS ? Allons...quelques poignées de militants partiront, écoeurés. Le reste suivra comme un seul homme, et y compris l’aile gauche, qui espère encore pouvoir faire quelque chose de l’intérieur...Les naïfs.

Et nous ? Gens de gauche avec notre culture et notre histoire, nos valeurs ? Ne nous voilons pas la face : nous avons un genou à terre. La droite et ses alliés nous ont pilonnés, et la « gauche » qui trahit...nous a trahi. Et ce depuis...trop d’années. C’est vrai. Mais...

Nous devons reconnaître que nous avons commis une faute. Une faute gravissime.

Nous sommes devenus gentils.

Installés dans notre hauteur morale, nous nous sommes « indignés ». Fort de notre goût pour la culture, nous avons froncé le nez devant la vulgarité télévisuelle...en la regardant. Pas dupes un seul instant. Mais nous avons regardé...Obligés à de perpétuels compromis dans une société de consommation de masse, nous avons fini par avoir un pied dans nos convictions, et un autre dans un Apple Store. Je sais. A moins de vivre déconnectés du réel et de la population, des arrangements, des compromis, des atermoiements étaient nécessaires. Mais le résultat est là : par glissades successives, nos sommes devenus...gentils.

Respectables.

Polis.

Lissés.

« citoyens »... Alors qu’en face... Mais nous ne sommes pas comme eux, n’est-ce pas ? Nous sommes tellement...moraux. Nous avons tellement bonne conscience... Où bien...

Châtrés ?

Depuis des années maintenant, j’entends parler de « résistance » au néolibéralisme, de « citoyenneté », de « contre-pouvoirs »...et cela est fort bien, sans aucun doute. Mais il faut commencer à voir qu’à présent, ce n’est plus suffisant. Pas face aux barbares libéraux. Il faut retrouver la rage. La colère. Et la haine.

Oui, la haine. Et je n’ai aucun scrupule à employer ce mot. La haine du dominant et de l’exploiteur. La haine de la droite et de son arrogance. La haine du libéralisme et de ses propagandistes. Oh ! Mais je vois que vous êtes gênés...Vous n’aimez pas ce mot. C’est un peu trop, quand même...enfin pas assez, tu vois...La « haine » ...je sais pas... C’est bien ce que je disais. Vous êtes polis. Bien élevés. Et vous ne comprenez rien. Nous avons déjà un genou à terre. Dimanche soir, nous serons assommés, écoeurés, nous maudirons ce con de peuple, et nous aurons peur...Nous avons déjà peur, d’ailleurs. Depuis des mois. Des années, même. Et en face, ils la sentent, cette peur. Comme des chiens. Et ça les excite, ça les met dans tous leurs états, on les entends aboyer et claquer des mâchoires avant de se ruer pour la curée... Une curée qui durera des années. Vous pensez pouvoir tenir et résister en étant « dignes » et « citoyens » ?

Il y’aura des luttes. Des mobilisations et des mouvements sociaux. Nous y serons. Mais ça ne sera pas suffisant. Il faudra reconstruire une gauche de colère et de hargne. Une gauche de combat aussi acharnée et pugnace qu’est la droite, plus encore ! Puisque nous somme en minorité, il faudra être encore plus convaincus et déterminés, inébranlables dans nos buts, sans compromis dans ce que nous voulons. Et pas le temps d’échéances électorales, pas le temps d’une manif ou d’une lecture. Tout le temps. Pendant des années et des années. Tenir sur la distance, et se battre au quotidien.

Et se mettre dans la tête que désormais, c’est la guerre. Oui. La guerre. Idéologique, politique, culturelle, et peut-être même dans la rue, si un probable nouveau mai 68 nous tombe dessus. Vous n’aimez pas ce mot non plus ? Mais ce que nous subissons depuis des années, qu’est-ce que c’est d’autre ? Une guerre de la bourgeoisie, des dominants, contre nous, contres nos droits et nos acquis. Une lutte des classes à l’envers, pour les nantis et contre tous les autres. Une guerre totale et sur tous les fronts, une offensive globale des puissances d’argent et de pouvoir pour briser l’espoir et imposer un ordre marchand nouveau. Oui, c’est là où nous en sommes.

Alors, il ne suffit plus de résister. Il faut contre-attaquer. Il faut être dur, vindicatifs. Et sans pitié. Sinon, nous serons détruits.

Pour ceux qui doutent encore, ma réponse est simple. Nous n’avons plus le choix. Nous devons nous battre. Nous engager. Nous devons retrouver la rage. (et je suis certain que la droite va beaucoup nous y aider, dans les temps qui viennent...) Et maintenant, on choisit son camp. Pour/contre. Aussi simple que ça....

Ça commence maintenant.

Comité de salut public

*Source :http://comite-de-salut-public.blogspot.com

 [1]


[1] Commentaire choisi :

*14 juin 2007 , par Démocrypte

"Vous écrivez : Oui, la haine. Et je n’ai aucun scrupule à employer ce mot (...) Vous n’aimez pas ce mot.

En effet, je ne vois pas que la haine aide en quoi que se soit !

Vous écrivez : Et se mettre dans la tête que désormais, c’est la guerre. Oui. La guerre. Idéologique, politique, culturelle (...)

Là j’aime mieux ! La guerre, c’est tout autre chose que la haine. La guerre oblige à un usage raisonné de la "violence", et de définir la "violence" qu’il est légitime d’opposer aux violences qui sont faites par les tenants du pouvoir. Ils ont la "violence légitime" (la force de la loi) tant qu’ils respectent scrupuleusement la loi. S’ils violent la loi, leur pouvoir perd sa légitimité.

Et quelle est la "violence" légitime du travailleur ? C’est la grève, c’est-à-dire la violence légitime exercée contre la production, contre la richesse produite, sans laquelle ils ne sont rien.

Le problème est que le modèle de la "grève classique" (la grève générale) n’est plus approprié, car il correspond à un XIXe siècle, où la guerre consistait à jeter toute ses forces sur le coeur de l’armée adverse.

Aujourd’hui la guerre est d’une autre nature. Les connaître permet, dans bien des coins du monde, à faire que 4000 résistants parviennent à tenir en échec des armées surpuissantes, s’ils emploient les bonnes méthodes.La grève doit être réinventée comme la guerre l’a été.

Elle va impliquée un travail de petits groupes très autonomes capables de se constituer une audience collective, commune, (d’où l’importance d’Internet) qui donnera le maximum de retentissement à des actions brèves et légales : grève, boycott de marques et de produits, manifestations revendicatives, occupation symbolique, action en justice.

Comme toute guerre de guerilla, l’objectif premier sera de créer un rapport de disproportion entre les moyens mis en oeuvre pour réaliser ces actions et les moyens que devra mettre en oeuvre l’autorité pour les prévenir et s’y opposer efficacement. Comme une guerre de guerilla, il s’agira d’harceler, jusqu’à ce que l’autorité perdent son sang froid, et sorte du cadre légal et perde sa légitimité. Ce sont donc des pratiques de luttes, déjà largement expérimentées, qu’il faut valoriser et structurer pour en accroître l’efficacité.

Mais surtout, comme dans toute guerilla, où l’"aile militaire" dissimule le travail d’une "aile politique", il faut, à côté de l’aile militante "harselante" et qui mobilise toute l’attention du pouvoir, une aile "politique" qui, elle, se donne les moyens de construire au quotidien un autre rapport au politique.

En se fondant sur une critique de l’Etat, instrument périmé, incapable de protéger le citoyen face à la mondialisation, il faut une politique qui développe les solidarités qui réduisent les dommages liés à cette mondialisation. Et ces solidarités sont à inventer à partir de la conquête et de la "dénotabilisations" des collectivités territoriales. Celles-ci sont largement dominées par la gauche et les déceptions qu’engendrera la droite facilitera la conquète. Ce qu’il faut, c’est qu’au quotidien, elle oeuvre au service des citoyens, avec des élus qui restent en contact avec des populations."

Publié dans Sur L'Archipel Rouge

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