Vidé(e)s de sa substance par Vanina Pinter

Publié le par Sidérale

par Vanina Pinter

Vidé(e)s de sa substance

À examiner les affiches de la campagne électorale ainsi que les photos qui agrémentent les sites officiels des candidats, l’imagerie des présidentielles semble irrémédiablement liée au genre du portrait. Comme un vestige de la figure du roi, de l’effigie sur pièce de monnaie...

De la Renaissance aux temps des Lumières, le portrait imposait un certain pouvoir. « Signe de reconnaissance, le portrait est aussi un moyen de connaissance. Connaissance de la vie intérieure (…) Connaissance de la destinée de l’homme représenté. (…) Connaissance de l’histoire dans laquelle s’inscrit le personnage »

 

1.

Rien de tel dans les images que nous considérons. A l’ère numérique (télé, imprimé et Internet), les visages se pixellisent, se transforment en données mathématiques, immatérielles et médiatiques. Nous ne sommes plus dans le règne de l’image mais dans celui du flux. La neutralité photographique, la fadeur des expressions et de l’impression papier estompent la dimension humaine. Les murs se couvrent de visages lisses, insipides, rajeunis, pour que chacun s’y projette. Les candidats louvoient entre porter la figure du leader (composition ascendante) et se farder en « homme ordinaire »

 

 2.

Toutes les problématiques propres au genre du portrait sont ici amollies. Loin d’être des images politiques et militantes, elles sont des objets de communication. Ces visages sont destinés à séduire. Ils sourient.

Pour mieux s’ennuyer de ses images de campagne, il faut les mettre à côté des affichages sauvages de Robbie Conal. L’esprit guerrier y est présent. Ses satires, caricatures, parfois hommages, octroient, grâce à la technique du dessin, une âme – terrifiante – aux êtres de pouvoir. Dans ses portraits, l’homme est réinvesti dans sa chair, ses souffrances et ses errances.

D’un côté, les affichages de Robbie Conal, art activiste, et de l’autre, un matraquage de communication évènementielle sans auteur. Le graphisme est inhérent au premier, exclu de l’autre, dans les formes, comme dans le fond. L’humain, réduit à une image de surface est partout, le discours et son expression, nulle part.

 

http://www.etapes.com/

 

http://www.robbieconal.com/posters/bigbrother.html

 

 

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